Retour sur l’émission « Envoyé spécial » du 7 septembre 2023 sur les aides auditives

Dans son émission "Envoyé spécial", Elise Lucet a enquêté le 7 septembre 2023 sur le secteur des prothèses auditives. En suivant le parcours d'un patient, le reportage met en lumière les coûts élevés des appareils et certaines dérives du secteur. Toutefois, il ne manque pas de souligner l'importance des audioprothésistes qualifiés et l'impact positif des aides auditives correctement ajustées sur la vie des patients malentendants.

Le coût important des appareils

Le reportage suit d'abord un patient souffrant de troubles auditifs depuis de nombreuses années. Celui-ci est sur le point de s'équiper d'une prothèse auditive. Ce patient, une fois pris en charge par Brice Jantzem, un audioprothésiste en Bretagne et président du SDA (Syndicat des Audioprothésistes), est très impressionné par l'amélioration significative de son audition. Cependant, le coût élevé de l'aide auditive, s’élevant à 3 430 euros, crée un choc et ouvre le débat sur la tarification dans ce secteur.

La visite d’une usine d’appareils auditifs

L’équipe du reportage visite ensuite les locaux du fabricant GN Hearing au Danemark qui fabrique des aides auditives. Ces appareils auditifs, conçus pour améliorer l’audition, sont des objets très techniques. Ils sont constitués de :

• un microphone pour capter les sons de l'environnement,
• un amplificateur pour amplifier les sons captés selon l’intensité de la perte auditive de l'utilisateur,
• un Processeur de Signal Numérique (DSP) qui traite le son, élimine le bruit de fond et ajuste le son en fonction des besoins spécifiques de la personne,
• un haut-parleur qui transmet le son au nerf auditif sous forme de signaux électriques,
• une batterie pour l’alimentation,
• une technologie sans fil pour certains appareils permettant de se connecter à des appareils tels que des téléphones, des téléviseurs et des ordinateurs.

Le coût de fabrication d'une aide auditive est estimé à environ 400 euros, un chiffre bien inférieur au prix final payé par le patient. Le reportage révèle que les deux tiers du prix final sont consacrés à des services de réglage et de suivi personnalisé. En effet, les appareils utilisés pour régler l’aide auditive sont extrêmement couteux.

Des dérives à combattre

Le sujet s'oriente ensuite vers des pratiques questionnables dans la profession. Certains audioprothésistes exerceraient sans diplôme, une information troublante, bien que non vérifiée dans le reportage. De plus, des témoignages révèlent des cas de patients appareillés inutilement, et d'autres qui, bien que appareillés, ne bénéficient d'aucun suivi, notamment dans le cadre de ventes à domicile qui sont totalement interdites.

Des audioprothésistes qui changent la vie des patients

Malgré ces révélations, le reportage met également en avant l'aspect positif de la profession. Il montre le travail consciencieux de nombreux audioprothésistes et souligne que les contrevenants restent une minorité. Brice Jantzem lui-même critique fortement les pratiques frauduleuses, considérées comme nuisibles pour l’ensemble de la profession.

Pour information complémentaire, devenir audioprothésiste en France nécessite une formation spécialisée et l'obtention d'un diplôme d'État. Après l’obtention du baccalauréat (de préférence scientifique), il est conseillé de suivre une classe préparatoire au concours d’entrée des écoles d’audioprothèse. Le concours d'entrée inclut généralement des épreuves de biologie, de physique, et parfois de français et de mathématiques. Une fois le concours d’entrée réussi, la formation en audioprothèse dure 3 ans et est effectuée dans un centre de formation agréé. Elle inclut des cours théoriques en sciences (acoustique, anatomie de l’oreille, etc.), des travaux pratiques et des stages cliniques. À l’issue de la formation, l’étudiant doit réussir un examen pour obtenir le Diplôme d’État d’Audioprothésiste. Une fois diplômé, l'audioprothésiste doit s'inscrire à l'Ordre des Audioprothésistes pour exercer légalement la profession. L’audioprothésiste peut ensuite travailler en libéral (dans un centre d’audioprothèse ou à son compte) ou salarié (cliniques, hôpitaux, centres mutualistes, etc.). Les audioprothésistes sont tenus de continuellement mettre à jour leurs connaissances et compétences par le biais de formations continues.

Le suivi par l'Assurance Maladie

À la fin du reportage, l'Assurance maladie intervient, expliquant les méthodes employées pour repérer les fraudeurs et assurer un service de qualité aux patients nécessitant des prothèses auditives. Bien que le reportage dévoile des irrégularités et des pratiques douteuses, il met également en lumière l’engagement et le professionnalisme de nombreux acteurs du secteur.

En conclusion, malgré un titre provocateur et un focus sur les dérives du secteur de l’audition, le reportage d’Elise Lucet offre une vision équilibrée. Il permet aux téléspectateurs de prendre conscience des défis et des enjeux de ce secteur. Il souligne l’importance vitale des prothèses auditives et du travail des professionnels dévoués qui œuvrent chaque jour pour améliorer la qualité de vie des patients sourds ou malentendants.

Source

Reportage Envoyé spécial. Prothèses auditives, arnaques au creux de l’oreille. Diffusé le 7 septembre 2023.