Mis à jour le 18/10/2022
Le premier point mis en exergue par cette étude peut sembler surprenant : les ventes d’appareils auditifs ne sont pas proportionnelles au remboursement de ces dernières. Par exemple, l’Italie où la prise en charge est importante, est un des pays où les ventes sont les moins importantes. Au contraire, la France où le remboursement des prothèses auditives est faible pour les adultes se situe dans la moyenne haute des ventes d’appareils auditifs.
En matière de taux d’équipement, le Danemark fait figure de référence. Il y est de 47.8%, ce qui se rapproche du taux maximal de personnes appareillables. En effet, ce taux n’est pas de 100% car l’ensemble des malentendants ne tirerait pas profit d’un équipement auditif pour des raisons diverses, allant de l’hyperacousie aux acouphènes. Le taux d’équipement très élevé du Danemark peut en partie être expliqué par le fait que ce pays a vu naître trois des six multinationales fabricantes d’équipement auditif, favorisant leur acceptation et une bonne pénétration du marché. Il apparait également qu’un pays extérieur à l’Europe comme le Japon, qui présente le plus bas taux d’équipement a aussi une faible satisfaction des personnes équipées. Ceci est expliqué par un problème de régulation du marché des prothèses auditives, qui implique que beaucoup d’appareils bas de gamme sont proposés à la vente, dans des magasins d’optique ou par correspondance. Ces services non professionnels sont la cause d’un taux de satisfaction bas, car en l’absence de diagnostic et d’accompagnement par un professionnel, la prothèse s’avère inefficiente et donc peu satisfaisante pour le malentendant.
Il a été constaté qu’aux Etats-Unis, la diminution de 40% du prix des appareils auditifs n’entraînait pas de hausse du taux d’acquisition. Les prothèses auditives sont en effet perçues comme des biens de nécessité. Un appareil auditif mal adapté, même peu cher, ne donnera pas satisfaction, et seul un professionnel de l’audition pourra fournir un équipement adapté, surtout à des patients qui ne désirent pas à priori s’équiper (freins psychologiques, peur de la stigmatisation, etc.). L’étude montre que le métier d’audioprothésistes est fortement «opérateur-dépendant». Le professionnel facture en effet une expertise et un suivi, et n’est donc pas un simple vendeur de prothèses auditives.
L’analyse du taux de satisfaction global et de l’indice d’observance (qui traduit l’utilisation effective de l’appareil auditif délivré) permet de distinguer les modèles qui semblent les plus efficients. On distingue schématiquement deux types de systèmes : ceux où les personnes ont un reste à charge important et un grand niveau de choix dans leur équipement, et ceux où la prise en charge publique est forte, mais où les contraintes sont plus importantes dans le choix d’acquisition. L’analyse des deux critères évoqués plus haut plaide pour le modèle plus « libéral », même si cela implique pour le patient une moins bonne prise en charge. Il faut cependant nuancer cette conclusion, car il est nécessaire de réserver des offres spécifiques sans reste à charge pour les populations les plus modestes.
Le problème majeur identifié en France est le niveau très faible de remboursement. Comptez 1 000 euros en moyenne par oreille à la charge du patient, ce qui exclue les malentendants aux revenus modestes. Ceci instaure donc une forte inégalité face aux troubles auditifs. Le fait que la prise en charge publique soit si faible pourrait laisser entendre aux personnes souffrant de déficit auditif qu’il n’est pas si important de s’appareiller. L’étude révèle donc qu’il est prioritaire d’améliorer le remboursement public, afin de se rapprocher des taux d’appareillage des pays ayant une meilleure prise en charge.
Source : Unsaf
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