Mis à jour le 14/03/2023
La Journée nationale de l’audition s’est tenue le jeudi 9 mars, au cours de laquelle l’association JNA a présenté les résultats de l’enquête menée par l’Ifop sur les habitudes d’audition des enfants de moins de 10 ans. Retour sur ces chiffres exclusifs et les messages préventifs des professionnels de santé pour protéger l’ouïe des plus jeunes.
Petites oreilles, grands risques, voici le thème de la Journée nationale de l’audition 2023. La campagne de prévention de l’association JNA a invité de nombreux professionnels de l’audition répartis sur l’ensemble du territoire à proposer des dépistages et des actions de sensibilisation au bruit.
En effet, la prévention des risques auditifs ces dernières années a surtout été portée sur les travailleurs, les séniors et plus récemment les adolescents, mais pas encore sur les enfants.
Jean-Luc Puel, président de l’association des Journées nationales de l’audition et directeur de l’Institut des neurosciences de Montpellier explique que les conduites à risques se sont multipliées au fil des années avec l’écoute de musique prolongée dans des écouteurs et casques, avec une pratique qui glisse vers les plus jeunes âges. Les parents ont donc été interrogés pour avoir une image de ce qui se passe vraiment chez les enfants.
Les jeunes enfants sont de plus en plus touchés par les troubles auditifs et notamment les acouphènes : 14% des moins de 10 ans ont déjà consulté un médecin ORL pour ce problème, soit 1,3 million d’enfants. Les médecins s’inquiètent donc de l’usage prolongé d’écouteurs et de casques. Parmi les enfants présentant des acouphènes, un tiers d’entre eux les utilisent tous les jours.
Il faut savoir que quand le volume de la musique ou du dessin animé est trop élevé dans le casque des enfants, le son équivaut à celui d’un camion sur la route. Le risque est qu'à terme, des microlésions dans l’oreille apparaissent. Cependant, les effets peuvent survenir bien plus tard, déclare Cécile Parietti-Winkler, présidente du collège français d’ORL.
En effet, si les surdités ne sont pas visibles immédiatement, un vieillissement précoce de l’oreille pourrait survenir à 40 ans au lieu de 60 par exemple. Les oreilles d’un enfant sont notamment plus fragiles que celles d’un adulte, car leur conduit auditif est bien plus étroit et court que le nôtre, ce qui permet au son d’arriver plus près du tympan, et plus amplifié, précise Jean-Luc Puel.
Pour les adultes, on parle de ne pas dépasser 80 décibels pendant 8 heures, mais nous n’avons pas de normes spécifiées pour les enfants. « On entend parler de 72 ou 75 décibels mais on ne sait pas trop comment ça a été calculé ».
L’association a donc choisi de concentrer son attention cette fois sur la santé auditive des enfants. Elle confie à l’Ifop la réalisation d’une étude dont le nom est « Petites oreilles, grands risques : état des lieux de la santé auditive des enfants. » Voici les chiffres les plus importants à retenir de cette enquête.
Enfin, 1 parent sur 2 estime être mal informé sur la surdité et les acouphènes, contrairement aux déficiences visuelles, avec près de 2 parents sur 3 (63%) qui jugent leur niveau d’information satisfaisant sur ce thème.
Le professeur Puel en appelle avant tout au bon sens mais précise qu’il n’est pas nécessaire de mettre des écouteurs ou un casque sur les oreilles d’un enfant de moins de 10 ans, surtout que l’on ne contrôle pas toujours le volume. Si casque ou écouteurs il y a, il est essentiel de s’assurer que l’écoute ne soit ni trop forte ni trop longue.
Les professionnels de santé recommandent de faire de la prévention sur les risques auditifs dès le plus jeune âge. Les enfants étant tout à fait capables de comprendre qu’un son qui est écouté trop fort et pendant trop longtemps est en mesure d’abîmer leur audition. L’association Journée nationale de l’audition s’accorde par ailleurs à proposer dans les écoles des dépistages auditifs, au même titre que pour la vue.
Si des étapes sont prévues dans le parcours de santé de l’enfant, les faits indiquent qu’elles ne sont pas toujours organisées ou ne sont pas suffisantes en raison d’un manque de temps, de matériels, ou tout simplement par méconnaissance ou parce que l’enfant ne présente pas de signes qui en démontrent la nécessité.
Il serait donc pertinent d’opter pour un suivi ORL plus régulier sur l’année, comme on le fait pour la vision par exemple. Sachez d’ailleurs qu’il est parfois difficile de déceler une perte auditive chez l’enfant de moins de 7 ans car celui-ci aura tendance à développer des mécanismes de compensation réflexe, comme le fait de lire sur les lèvres. D’où l’importance de prendre l’habitude de consulter plus souvent pour ne pas passer à côté d’un éventuel trouble auditif.
Enfin, pour Cécile Parietti-Winkler, le but n’est pas d’interdire, car cela pourrait faire culpabiliser les parents. Selon elle, il faut plutôt « former, informer, accompagner et rappeler les bonnes pratiques ».
Il faut également « remettre en avant le bénéfice du silence », qui est important pour l’enfant c’est lorsqu’il s’ennuie qu’il est créatif, et c’est dans le silence qu’il parvient à se reposer et à se recentrer, ce qui lui permet aussi un développement plus harmonieux.
Sensibiliser, alerter, informer, tel a été le sens de cette Journée nationale de l’audition qui a réuni plusieurs experts sur un enjeu de santé publique majeur, celui de protéger l’audition de cette jeune génération. Bien entendre est le socle du développement du langage, de la socialisation et des apprentissages, c’est pourquoi il est essentiel de la préserver !
[3] Enquête JNA – Ifop 2023 « Petites oreilles, grands risques : état des lieux de la santé auditive des enfants » (2023, Mars). Journée Nationale de l’audition. https://www.journee-audition.org/pdf/dossier-enquete-jna-ifop-2023.pdf
Actualités sur la même thématique
AirPods Pro 2 : une chance pour la santé auditive, à condition de ne pas se passer d’expertise !
Appareils auditifs et vieillissement : un stigma à dépasser
L'Intelligence Artificielle et les aides auditives : Regards croisés d'experts
Presbyacousie : une rééducation du cerveau possible !
En 2050, un humain sur 10 aura besoin d’un appareil auditif selon l'OMS
La perte d’audition serait-elle réversible ?
Les risques auditifs chez les jeunes dans le monde
Auracast, la nouvelle technologie de transmission audio Bluetooth
Étude inédite : Un Français sur quatre souffre de perte auditive
Thérapie génique pour retrouver l'audition : Où en est la recherche ?
Les dernières actualités
VivaSon en mission humanitaire à Madagascar
Starkey Genesis AI : une nouvelle gamme innovante pour Starkey
Retour sur l’émission « Envoyé spécial » du 7 septembre 2023 sur les aides auditives
Signia iX (Integrated Xperience) : les nouveaux appareils auditifs de SIgnia
Déposer un commentaire